« Les cabossés » de Lecordouan aux éditions du Nombre7 : l’avis de lecture de Claude Savy.
Lecordouan possède l’art de la nouvelle, genre, comme on le sait, plus difficile qu’il n’y parait.
Il le maîtrise réellement dans ces pages qui évoquent ceux qui ne comptent pas, ceux qui souffrent. Il y met en évidence son souci des humbles. Il met en scène son attention aux malheurs et exprime aussi du bonheur. Mais un bonheur fugace, toujours menacé par les forces de la nature ou les intentions malsaines des hommes.
Ces histoires de petites gens se déroulent toutes en Cévenne gardoise sauf une échappée justifiée au pied du Luberon.
En 21 nouvelles, l’auteur offre au lecteur un ensemble, parfois surprenant, souvent dérangeant. Un panorama au long duquel descriptions et dialogues donnent de la vie et de l’attrait aux situations que l’on peut dans certaines pages ressentir comme dérangeantes.
On peut y ressentir parfois comme un malaise.
Le cadre qu’il a choisi est celui de son enfance, celui de ses parents et grands-parents.
Mais, on y est loin des images proposées dans les offices de tourisme. Ce cadre cévenol a cependant sa part de vérité, la vérité perçue par l’auteur. Ce n’est pas qu’une Cévenne de rêves, c’est aussi celle des cauchemars.
Les cauchemars des travailleurs du fond, entre peur et dur labeur, les cauchemars d’exaltés, de déchirés, d’obsédés. Ces bonheurs et crève-cœurs, comme Lecordouan l’exprime lui-même dans son sous-titre forment un ensemble qui mérite que l’on s’y attarde.
Déranger le lecteur fait aussi partie des nécessités de la littérature
Claude Savy
Président de l’association A.A.A.H.!