« Ma cabane sans peine » et un roman d’Alain Guyard, paru le 1er mar 2024 aux Éditions Le Dilettante.
« Appelez cela comme vous voulez, un pied-à-terre, une bicoque, un abri, une cambuse, Alain Guyard, lui, philosophe forain, nomme sa cabane au fond des bois un « mazet », lieu de confort mesuré, de mœurs frugales et de songeries profondes.
Le tout fait à la main et sans colorants de synthèse. On a connu ce dialecticien des bords de route enseignant en prison, barde de la sagesse voyoute et de la gymnosophie, féministe contemplateur et promoteur du gitanisme, on le découvre, pour ce sixième esclandre jovial au Dilettante, coureur des bois solitaire épris de la vie sylvestre, de sa faune fragile, de ses émois végétaux et de ses rôdeurs espiègles.
De la camaraderie avec les sangliers à la patience des arbres, il nous dépeint les fastes forestiers avec une émotion d’accoucheur. Notre maïeuticien assiste au monde, à son souffle, à sa pousse,
à ses drames minuscules et cela suffit. Mais Guyard s’appelle Guyard et la volée de bois vert (en vieux germain, Guyard c’est l’amateur de bois dur) n’est pas qu’un vain mot : sont dûment rossés tous les graphomanes eschatologiques qui attendent que la fin du monde arrive, les débitants en ensauvagement, les ermites télévisuels, les négociants en quotidien rugueux et autres disciples approximatifs de Muir et Thoreau.
Ceux-là écopent de pages d’une drôlerie titanesque. N’est pas oublié, non plus, le sage de service aux extases tarifées.
Quelques « drôles très solides » sauvent néanmoins l’espèce, notamment ce gardien de chèvres qui de son troupeau a fait un harem. Heureux qui peut. Guyard le prouve : on n’a qu’à s’asseoir, respirer avec le monde et écouter sa barbe pousser. »
Pour en savoir plus – Alain Guyard, né le 23 octobre 1966 au Creusot, est un écrivain français.
Alain Guyard a enseigné la philosophie à compter de 1990, d’abord à l’université de Bourgogne, puis en lycée (notamment à Joliot-Curie puis à Philippe-Lamour). En 2005, il quitte l’Éducation nationale, lorsqu’il estime qu’elle est devenue une « machine à rentabiliser ».
En 2000, il décide de prendre la route pour exposer la philosophie dans des lieux où on ne l’attend pas, avec des publics qu’on ne s’attend pas à voir philosopher. En 2003 il va mettre en place des ateliers de philosophie dans divers centres pénitentiaires, pour promouvoir l’art brut chez ceux qu’il appelle les « esthètes bruts « . Il étend son champ d’intervention à partir de 2010 aux milieux psychiatriques, hospitaliers, aux unités de soins palliatifs, aux centres d’hébergements et foyers de jeunes sous protection judiciaire. Il complète ces interventions à la marge par des manifestations plus populaires, dans des salles des fêtes, des foyers ruraux ou des médiathèques.
Enfin, à partir de 2014 il vagabonde de foire en festival, de bistro en barnum, et transforme l’enseignement de la philosophie en une performance canaille et populaire. Ainsi veut-il « casser un entre-soi culturel qui participe à creuser le fossé entre les classes sociales. »